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AU
PLUS PRES
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Entretiens
avec Catherine Moreau
Editions
la passe du vent
ISBN
2-84562-000-4
Date de parution : Septembre 1999
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EXTRAITS
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Silence
- Extraits
On
sent bien que vous allez vers un dépouillement. Est-ce le souci
d'alléger votre écriture ?
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Je
ne sais pas si c'est alléger... Est-ce que se dépouiller
est la manière la plus simple d'aller au plus près,
encore... ?
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D'aller
à l'essentiel ?... Je pense à un dialogue d'Assassins
où l'héroïne demande au narrateur : "Qu'est-ce
qui est important d'après vous ?" Et celui-ci répond
: "Ce qui ne l'est pas est plus difficile à discerner...
je crois qu'il faut se débarrasser des choses." Est-ce que
ça s'applique à votre vision de l'écriture ? |
Oui,
sûrement, oui. |
Est-ce
là votre évolution ? |
Oui,
est-ce que c'est se débarrasser, mais en gardant l'essentiel
? En se débarrassant de rien qui ne soit nécessaire. Un
type qui part à l'assaut d'une montagne a un énorme paquetage
sur le dos, mais ce qu'il laisse en route, c'est ce qui n'est pas l'essentiel,
ce qui ne va pas lui servir. Est-ce qu'avec le peu qu'il garde, il ne
va pas quand même réussir à faire ce qu'il a envie
de faire ? Si c'est simplement se dire : je jette la couverture, celle-là
même qui va me manquer, et je vais mourir de froid, ce n'est pas
l'idée. Mais je crois qu'on doit pouvoir toujours retrancher.
C'est l'histoire de l'iceberg, ce qu'expliquait Hemingway : on ne voit
de celui-ci qu'une petite partie en surface, mais plus ce qu'on ne voit
pas mais qu'on suppose être important en dessous et caché
a de l'importance, plus la partie visible a de la force. Ce n'est pas
vraiment retrancher, c'est prendre au-dessus et mettre au-dessous, et
se débrouiller pour que ce qui est caché reste présent
quand même, quelque part. Ce n'est pas le cas : je ne le dis pas
ou je m'en débarrasse, c'est : je le mets ailleurs... |
Suite
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