AU PLUS PRES

AU PLUS PRES : PHILIPPE DJIAN / CATHERINE MOREAU

AU PLUS PRES
Entretiens avec Catherine Moreau

Editions
la passe du vent

ISBN
2-84562-000-4

Date de parution : Septembre 1999
EXTRAITS

Silence - Extraits

On sent bien que vous allez vers un dépouillement. Est-ce le souci d'alléger votre écriture ?

Je ne sais pas si c'est alléger... Est-ce que se dépouiller est la manière la plus simple d'aller au plus près, encore... ?


D'aller à l'essentiel ?... Je pense à un dialogue d'Assassins où l'héroïne demande au narrateur : "Qu'est-ce qui est important d'après vous ?" Et celui-ci répond : "Ce qui ne l'est pas est plus difficile à discerner... je crois qu'il faut se débarrasser des choses." Est-ce que ça s'applique à votre vision de l'écriture ?
Oui, sûrement, oui.

Est-ce là votre évolution ?
Oui, est-ce que c'est se débarrasser, mais en gardant l'essentiel ? En se débarrassant de rien qui ne soit nécessaire. Un type qui part à l'assaut d'une montagne a un énorme paquetage sur le dos, mais ce qu'il laisse en route, c'est ce qui n'est pas l'essentiel, ce qui ne va pas lui servir. Est-ce qu'avec le peu qu'il garde, il ne va pas quand même réussir à faire ce qu'il a envie de faire ? Si c'est simplement se dire : je jette la couverture, celle-là même qui va me manquer, et je vais mourir de froid, ce n'est pas l'idée. Mais je crois qu'on doit pouvoir toujours retrancher. C'est l'histoire de l'iceberg, ce qu'expliquait Hemingway : on ne voit de celui-ci qu'une petite partie en surface, mais plus ce qu'on ne voit pas mais qu'on suppose être important en dessous et caché a de l'importance, plus la partie visible a de la force. Ce n'est pas vraiment retrancher, c'est prendre au-dessus et mettre au-dessous, et se débrouiller pour que ce qui est caché reste présent quand même, quelque part. Ce n'est pas le cas : je ne le dis pas ou je m'en débarrasse, c'est : je le mets ailleurs...
 

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