PHILIPPE DJIAN REVISITE


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Vers chez les blancs

ECRITURE

Ce choix d'être ainsi plongé dans la vie n'est-il pas aussi votre mode de résistance à un "appel" de la littérature que vous redoutez ? La littérature comme un risque d'enfermement ?

Oui, c'est évident. L'enfermement dans l'écriture est un risque énorme. Lorsque je suis en train d'écrire, j'ai un rapport avec moi-même d'une telle intensité qu'il me faut rester vigilant parce que, quelles que soient les difficultés à écrire, et il y en a, le plaisir existe aussi et l'appel est vertigineux. Quelque chose au fond de moi voudrait prendre toute la place, il s'agit alors d'une véritable lutte de pouvoir. Si on capitule, on bascule et on devient fou.

Même assis à votre bureau, que vous préférez près d'une fenêtre, vous gardez la porte ouverte. Vous avez dit que vous écriviez pour être seul mais aussi pour vérifier que le monde est toujours là… C'est important pour vous de toujours regarder le monde, même de loin ?

Pour résister comme je vous le disais, je fais toujours en sorte que la vie me rappelle. Je me préserve en étant toujours disponible et en acceptant ce qui pour certains ressemble à une distraction. Ce conflit entre le matériel de la vie et la pensée d'un livre me fait avancer. En regardant par la porte et la fenêtre, je n'oublie jamais que les autres existent, et comme William Saroyan, je pense qu'un écrivain ne peut écrire que s'il est amoureux du monde…

Revenons à l'écriture et à ce qui vous tient enfermé (porte et fenêtres ouvertes) dans votre bureau. Est-ce parfois difficile d'écrire ?

C'est toujours difficile. Et c'est tout l'attrait de la chose. Si c'était facile, ça ne présenterait pas d'intérêt. Lorsque je m'assois derrière mon bureau, je suis tendu et concentré.

ISBN
2-84234-079-5
Les Flohic
Editeurs

Collection
Les singuliers
Littérature

Avril 2000

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