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Le sacrifice de Betty n'aura pourtant pas été vain. Le voici devenu le plus grand écrivain de sa génération.A ce thème familier de la recherche féminine, s'en ajoutent d'autres. Celui de la mort est le plus extrême. La variation sur l'arrêt cardiaque va d'ailleurs constituer le fil rouge tout au long du récit. Mais cette hantise de la mort, l'auteur se réserve de la souligner par des procédés moins coûteux : le spectacle de deux jeunes gens qui s'embrassent, et voici la vie qui vous bafoue en vous sonnant le glas de vos quarante ans. Il ne suffisait pas que les femmes soient inconstantes. Les amis le sont aussi. Henri disparaît un matin pour ne plus revenir. C'est ainsi, chez Djian, les amis à la vie, à la mort, partent sans un mot, sans crier gare. Le personnage central d'Echine (cinquième roman de Djian) est un quadragénaire qui se distingue de son double de Maudit Manège par le lieu de ses affections. Ici, le cœur est solide, ce sont les reins qui ne vont pas ! Autre point de divergence : c'en est fini de la grande époque de la littérature à laquelle il vient de renoncer au profit de besognes alimentaires. Il est permis cependant de douter de la sincérité du personnage quand il affirme avoir renoncé à tout littérature. Précisons, en effet, que son fils s'appelle Herman. Comme Melville ! Et qu'un petit voisin se prénomme Richard. Comme Brautigan. L'œuvre se complexifie. Djian fait apparaître le mécanisme du double. Ainsi, de livre en livre, des personnages coulés dans le même moule, apparaissent. Dans Lent Dehors, de toutes les entreprises menées par l'auteur, celle-ci semble la plus ambitieuse puisqu'elle vise à restituer la réalité de deux etres sur trente ans. Un roman de l'initiation donc, pour une femme et un homme qui s'aiment, s'affrontent durant deux ou trois décennies avant de se marier, de se quitter puis de se retrouver encore. Ici encore, le conflit des générations, déjà utilisé dans Maudit Manège, semble être une des veines du récit. |
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