PHILIPPE DJIAN
CRIMINELS

 


 

Cette phrase, elle nait là sur l'établi ou vous la marmonnez dans le reste des activités de votre journée et un beau jour vous savez que c'est celle-là qui va déclencher un livre ?

Oui, mais c'est vrai qu'elle me vient comme j'imagine... Certains écrivains m'ont expliqué un petit peu la manière dont ils fonctionnaient où une espèce d'histoire vaguement leur arrive. Moi, c'est pas des histoires qui m'arrivent, c'est des phrases mais c'est aussi important, en fait. J'imagine qu'une fois que j'ai trouvé la première phrase, j'ai fait autant de chemin que l'écrivain qui a dejà son plan avec en gros l'histoire décidée, quoi. Moi, la première phrase me suffit parce qu'une phrase comme ça, elle m'a tout amené, en fait. Elle a amené la catégorie sociale de la personne qui parle, elle a amené le ton, elle a amené le genre de problème avec lesquels il pouvait être confronté et c'est tout pour moi, il y a tout dedans. C'est pas une introspection, je crois que la scène commence, la femme rentre et elle a été voir ce frère qui est homosexuel et lui l'apprend en même temps et c'est le premier truc qui lui vient à l'idée, c'est ça. Ca veut dire qu'il était pas au courant, ça veut dire qu'au niveau de certaines particularités sexuelles, il est peut-être pas spécialement apte à les accepter tout de suite, ça veut dire des tas de choses et il se révèle d'un seul coup pour moi à travers cette phrase parce que c'est des tas de portes ouvertes comme ça, d'un seul coup mais pas n'importe lesquelles parce qu'elle en ouvre et elle en ferme, en même temps. Parce que le personnage qui va penser ça, ça sera pas un directeur d'usine ou je sais pas, dans mon esprit tout de suite, il apparait d'un seul coup. C'est une espèce d'apparition, en fait.

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