PHILIPPE
DJIAN
CRIMINELS
Vous avez l'habitude de nier les phénomène d'inspiration des gens qui écrivent sous la dictée d'une grâce, etc... mais pourtant, cette phrase-là, d'où vient-elle, cette phrase-là qui va commander tout le livre. Vous allez avoir besoin d'un livre entier pour la justifier, cette phrase, d'où vient-elle ?
C'est vrai qu'elle me met dans une situation délicate, à savoir que j'ai vraiment l'impression qu'entre l'inspiration... Je sais pas ce que c'est l'inspiration en fait. Quand j'écris un livre, je suis pas du tout inspiré, je suis simplement quelqu'un qui travaille. Si on reprend un petit peu l'image de l'artisan, l'artisan, il est pas inspiré. L'artisan, une fois qu'il a visualisé l'objet qu'il doit réaliser, il est pas inspiré, il sait seulement comment il faut faire. Il connait les gestes qu'il va falloir appliquer pour arriver au résultat final. Il a pas d'inspiration, il sait où il va. C'est peut-être la seule petite chose que je maîtrise pas, c'est cette première phrase. Mais c'est pas de l'inspiration. Pour moi, l'inspiration, ça voudrait dire que je serai branché sur un espèce d'univers extérieur ou de puissance extérieure et je serai simplement l'instrument, je suis inspiré, c'est l'état de grâce. Je ressens jamais ça en fait. Je sais pas, quand j'ai écrit cette première phrase, j'ai rigolé tout seul. Je me suis mis à rire tout seul. Il y avait une espèce de jubilation, une espèce de bonheur que cette phrase me soit donnée ou je sais pas si elle m'est donnée... Est-ce qu'inconsciemment, j'ai pas rêvé de ça la nuit précédente et dans mon esprit, ça s'est mis en place comme ça. Je crois pas trop à l'inspiration et l'inspiration, je sais pas ce que c'est.