EXTRAITS ASSASSINS

Une part de la vérité restait toujours dans l'ombre, sans qu'on pût dire ce que cela cachait : une réelle fatalité, le répugnant cynisme de certains ou la simple imbécilité de l'un d'entre nous. Peut-être une subtile combinaison de ces trois facteurs réunis ?

Je ne sais par quel miracle j'ai réussi à briser mon élan, tant mon sommeil était profond, si éloigné que j'étais de mon incapacité du moment.

Je l'ai regardée s'élancer vers sa destinée avec une vigueur qui m'a étonnée, compte tenu de sa silhouette un peu massive.

Nous avons poursuivi sur ce registre, évoquant des sujets dénués d'un quelconque intérêt si ce n'était qu'ils me donnaient l'occasion de l'observer à loisir.

J'en étais à regretter la conversation banale que nous avions eue et dont je découvrais à présent les vertus lénifiantes. C'était bien mieux que le bruit de fond que j'entretenais avec la télé ou la radio, d'autant qu'elle possédait de grands yeux bleus, ce qui n'était pas désagréable.

A quarante-cinq ans, je ne savais pas si j'étais dans la force de l'âge ou tout bêtement en train de me casser la gueule.

Je me donnais encore cinq ans de désespoir. J'espérais qu'ensuite, les choses allaient s'arranger.

Puis j'ai fermé les yeux à mon tour. Quand je les ai rouverts, de grands sapins se croisaient dans le ciel, juste au-dessus de ma tête.

Quoi qu'il en soit, penser à cette femme, et sans raison précise, était l'exercice le plus reposant auquel je me livrais depuis bien des jours.

Le problème que j'avais était d'ignorer à quel moment on dépassait les bornes lorsque l'on traversait certaine période douloureuse de l'existence.

Sur quoi que mon regard se posât, je découvrais une chose sans valeur, sans intérêt, sans la moindre étincelle de chaleur, sans le moindre coté amusant.

Je ne savais pas ce qui me poussait à lui écrire ce genre de mot. C'était un mystère que je ne tentais même pas d'élucider, tant cette lubie me semblait anodine. Ne pas y céder m'aurait contrarié, j'imagine, et je n'avais aucune raison de me rendre la vie moins joyeuse qu'elle ne l'était.

Est-ce que les sentiments que j'avais pour lui me laissaient la moindre liberté ? A aucun moment, je n'avais pensé que je pourrais m'en tirer seul, ni dans cette aventure ni dans l'existence en général. Un fouillis inextricable de liens nous rattachait l'un à l'autre. Et ils s'étaient développés depuis si longtemps que plus personne n'aurait pu s'y reconnaitre. C'était sans espoir.

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