DES HAUTS, DES BAS
La
pluie venait du nord
Le vent passait sous ma porte
Je comptais vivre fort
Et que le diable m'emporte
J'allais à la fenêtre
Enroule dans un drap
Je secouais la tête
J'en écartais les bras
J'avais des hauts
J'avais des bas
J'avais plus ou moins chaud
Et toute la vie devant moi
J'avais des hauts
J'avais des bas
Je crois que j'en voulais trop
J'ai même eu ce que je n'voulais pas
Je restais enfermé
Ou errais pendant des jours
Trop de chemins s'ouvraient
Trop de questions en retour
Je n'avais pas tue mon père
Mais je ne me souvenais pas
Ce qu'il me disait de faire
Ou ce qu'il ne disait pas
J'avais des hauts
J'avais des bas
J'avais plus ou moins chaud
Et toute la vie devant moi
J'avais des hauts
J'avais des bas
Je crois que j'en voulais trop
J'ai même eu ce que je n'voulais pas
Chaque jour je me tenais prêt
Je guettais l'heure et la page
Ou les eaux s'ouvriraient
Me laisseraient un passage
L'espoir me faisait vivre
L'attente me rendait nerveux
Je trouvais dans les livres
De quoi patienter un peu
J'avais des hauts
J'avais des bas
J'avais plus ou moins chaud
Et toute la vie devant moi
J'avais des hauts
J'avais des bas
Je crois que j'en voulais trop
J'ai même eu ce que je n'voulais pas
NI REMORDS, NI REGRETS
Il n'a aucune chance avec elle
Je l'ai prévenu
Mais il veut essayer quand même
Il est têtu
Il ne veut pas de mes conseils
Me sourit d'un air entendu
Puis s'en va recevoir sa peine
Le coeur léger, la joue tendue
Il ne m'écoute jamais
Il fait ce qu'il lui plaît
Car encore ne connaît
Ni remords, ni regrets
Inutile de le mettre en garde
Il tend les bras
Il trouve ce monde si désirable
Qu'il n'attend pas
Il tient les serments, les promesses
Pour de l'or pur, pour de l'airain
Trahi, il tombe sur les fesses
Mais n'y pense plus le lendemain
Il ne m'écoute jamais...
Il bénit chaque jour qui se lève
Se frotte les mains
Il voit partout de la lumière
Même dans les coins
Il se jette la tête la première
Sans hésiter, sans prendre soin
De glisser un oeil en arrière
Pour voir s'il connaît le chemin
Il ne m'écoute jamais...
Si j'ai passé la nuit entière
À lui parler
Au matin c'est lui qui m'enterre
Pour la journée
Il ne veut pas de mes conseils
Me sourit d'un air entendu
Puis s'en va recevoir sa peine
Le coeur léger, la joue tendue
Il ne m'écoute jamais...
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LA
NUIT DEBOUT
J'ai passé la nuit debout
dans le noir et l'impatience,
à me souvenir de vous,
de vos mains, de vos silences.
Ah, j'étais si jeune alors,
je ne comprenais pas grand chose.
Je n'aimais que votre coeur,
vos joues en devenaient roses.
J'ai passé dans vos genoux
plus de temps que nécessaire.
Et votre sourire est flou,
votre voix n'est plus si claire.
Ah ! J'étais aveugle alors,
je marchais vers la lumière.
Je ne croyais pas à la mort,
les mots, je ne savais qu'en faire.
Oh, où etes-vous, où etes-vous,
maintenant que je pourrais vous aimer ?
Où etes-vous, où etes-vous,
maintenant que j'ai besoin de vous ?
J'ai passé la nuit debout
à chercher votre visage.
Vous aviez des mots trop doux,
je ne connaissais que la rage.
Ah ! J'étais si fier alors,
que je ne voulais rien entendre.
Le désir était si fort
que je me mordais la langue.
J'ai dansé, pensant à vous,
après toutes ces années blemes.
Je n'ai rien trouvé du tout,
rien qui n'en valut la peine.
Ah ! Le monde était alors
un océan de promesses
et je me croyais très fort,
j'étais sans délicatesse.
Oh, où etes-vous, où etes-vous,
maintenant que je pourrais vous aimer ?
Où etes-vous, où etes-vous,
maintenant que j'ai besoin de vous ?
J'ai passé la nuit debout,
loin du bruit, du déshonneur,
loin du sang, loin du dégout
et ce fut un vrai bonheur.
Ah ! Je vous revois hier,
agitant votre mouchoir.
Mais j'avais tellement à faire,
je nourrissais tant d'espoirs.
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MANTEAU
DE GLOIRE
Je croise des rêves, je croise des gens,
je croise des morts et des vivants.
Le jour se lève en emportant
de la poussière, des ossements.
Sous les mensonges, sous les tourments,
la nuit s'étire, l'ombre s'étend.
Petite éponge noyée de sang,
ne vois-tu rien venir devant ?
Qu'est-ce que l'on cherche ?
Qu'est-ce qu'on apprend ?
Où sont les perches
que l'on nous tend ?
Manteau de gloire, Manteau d'argent,
on va tout nu par tous les temps.
Chanson pour boire, chanson seulement,
pour dire le vide que l'on ressent.
Poignée de sable qu'on voit filant,
d'entre nos doigts, n'y rien pouvant.
Sur son nuage va chevauchant
chacun de nous
cheveux au vent.
Manteau de gloire, Manteau d'argent,
on va tout nu par tous les temps.
Chanson pour boire, chanson seulement,
pour dire le vide que l'on ressent.
Ce que main donne, l'autre reprend,
ce que l'on tient fichera le camp.
Noir dit un homme, l'autre dit blanc,
il faut parfois tuer le temps.
Qu'est-ce que l'on cherche ?
Qu'est-ce qu'on apprend ?
Où sont les perches
que l'on nous tend ?
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