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VIES
Aurai-je
le mensonge à la bouche
La main droite posée sur le coeur ?
Serai-je habillé sous la douche
Ivre-mort ou glacé de peur ?
Serai-je en train de rendre l'âme
Avec une parfaite inconnue
Serai-je assis seul à ma table
Dans la pénombre, à demi nu ?
Pourrai-je te regarder en face
Et te dire : "j'ai fait c'que j'ai pu"
Pourrai-je seulement briser la glace
Et toucher ta joue, honte bue ?
Serai-je mûr pour demander grâce
Aurai-je ravalé mon orgueil
Ou en étoufferai-je sur place
Qui peut savoir ce qu'on recueille ?
Mille vies ne sont pas suffisantes
Mille hommes ne sont pas assez forts
Ne viens pas savonner la pente
Ne viens pas compliquer mon sort
Mille vies ne sont pas suffisantes
Mille hommes ne sont pas assez forts
Reviens si je suis à ma lampe
Ne reviens pas si je m'endors
Aurai-je un ami à ma table
Ou quelqu'un que tu n'aimeras pas
Serai-je encore une fois coupable
De faiblesse ou de je ne sais quoi ?
Serai-je dans mon lit comme un ange
Ruminant de mauvaises pensées
Ou pressant la peau d'une orange
Devant mes yeux pour m'éclairer
Aurai-je droit à ta bienveillance
Ou m'enverras-tu par le fond
Plus j'y réfléchis, plus je pense
Que je n'ai pas compris la leçon
Comment ai-je pu séduire ton âme
Autrefois, y as-tu songé ?
Toi et ton coeur invulnérable
Toi et ta foutue vérité
Mille vies ne sont pas suffisantes
Mille hommes ne sont pas assez forts
Ne viens pas savonner la pente
Ne viens pas compliquer mon sort
Mille vies ne sont pas suffisantes
Mille hommes ne sont pas assez forts
Reviens si je suis à ma lampe
Ne reviens pas si je m'endors
DIS-MOI OU
Je me sers de ta serviette
Je la presse contre mon nez
Je finis tes cigarettes
Je les fume les yeux fermés
J'interroge le coussin tiède
Que tes fesses ont imprimé
Quelquefois je touche des lèvres
L'eau de ton bain parfumé
Sur le sol
Sur les murs
Sur la mou
Sur le dur
Dis-moi où
Si vraiment
Il le faut
De mes dents
D'un couteau
Je ramasse une herbe sèche
Et je viens te la montrer
Je ne dis rien quand tu m'empêches
D'écrire et de travailler
Tes amies au téléphone
Me confient tous leurs secrets
Je suis la patience faite homme
C'est pour toi que je le fais
Sur mon corps
Ma figure
Le sang ou
La peinture
Dis moi ou
J'allume des feux à l'automne
Et je danse, la nuit tombée
Nous buvons un peu d'alcool
Tous les deux, cols relevés
Ma main au-dessus des flammes
Vaut pour une oreille coupée
Tu peux même ouvrir mon crâne
Si tu veux te rassurer
Dans les airs
Dans la sciure
Dans ton cou
Dans l'azur
Dis moi ou
J'éternue quand tu t'enrhumes
Et je ne l'fais pas exprès
Un détail si ridicule
Me réjouit, me satisfait
Je sais que tu vas me dire
Que je n't'ai pas répondu
C'est que j'aime te voir souffrir
Viens ici, que je te tue
ELLE MAL ETREINT
Elle ne dort pas la nuit
Elle garde toujours les yeux ouverts
Elle me met dans son lit
Quand il n'y a plus rien à faire
Elle s'amuse toutes les nuits
Et me prend comme un dernier verre
Elle fait Ça si bien si
Spontanément que je m'y perds
Mais elle ne m'apporte rien
Elle s'allume puis elle s'éteint
Non, elle ne m'apporte rien
J'en ai l'envie, pas le besoin
Elle se lève toutes les nuits
Et s'interroge sur l'univers
Elle a beaucoup d'esprit
Beaucoup d'amis, beaucoup d'éclairs
On m'envie, on me dit
Qu'on la suivrait jusqu'en enfer
Qu'à son bras, c'est la vie
V majuscule qu'on s'est offert
Mais elle ne m'apporte rien
Elle s'allume puis elle s'éteint
Non, elle me m'apporte rien
Ni la joie, ni le chagrin
Elle déteste aujourd'hui
Ce qu'elle avait aimé hier
Elle a tant d'appétit
Que rien ne peut la satisfaire
Elle n'a pas de répit
Je l'admire d'une certaine manière
Même si elle m'étourdit
Même si je suis loin derrière
Mais elle ne m'apporte rien
Elle s'allume puis elle s'éteint
Non, elle ne m'apporte rien
Glisse comme de l'eau sur la main
Trop vieux pour ces conneries
Trop frileux pour les courants d'air
Je cherche toutes les nuits
Où est l'endroit de l'envers
Elle est si pleine de vie
Je suis si lourd, elle si légère
Parfois elle m'éblouit
Et parfois elle me sidère
Mais elle ne m'apporte rien
Elle s'allume puis elle s'éteint
Non elle ne m'apporte rien
Elle trop embrasse, mal étreint
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