LE BROUHAHA DES CONVERSATIONS MENE DJIAN AU COEUR DES CHOSES |
On pourrait commencer par décrire le gros tas de neige sale qui traîne dans un coin, près de la maison, et dont il semble impossible de se débarrasser. Il est comme une menace voilée dont on ignore la véritable teneur, mais les personnages qui vivent à proximité en reçoivent de mauvaises vibrations. C'est du moins ce qu'ils disent. Le
tas de neige est un détail, bien sûr, mais un détail significatif
parce qu'il est de ceux qui donnent du sens à un ensemble dont on pourrait
croire, à première vue, qu'il est assez confus. C'est d'ailleurs
le reproche que nous exprimions, il y a bientôt trois ans, à
la sortie d'" Assassins ", le précédent livre de Djian : le
roman était bien conduit tout au long d'un fil, mais celui-ci était
trop lâche pour donner une vraie cohérence au livre et ne faisait
sans doute que détourner l'attention de ce qui aurait dû rester
l'essentiel et apparaît clairement comme tel dans " Criminels " : les
rapports entre les personnages. Il y a pourtant des liens entre les deux livres,
et revendiqués comme tels puisque Djian annonce son nouveau roman comme
le deuxième d'une trilogie dont " Assassins " faisait l'ouverture.
Le titre annoncé pour le dernier, " Sainte-Bob ", laisse entrevoir
une piste de lecture qu'il faudra reprendre à ce moment. La rivière
qui porte ce nom est peut-être le véritable centre de la trilogie,
le système nerveux qui nous avait paru manquer au premier volume. |