PHILIPPE DJIAN
CRIMINELS

 



 
Vous faites souvent la comparaison de votre métier avec un artisanat, en particulier la menuiserie. Peut-on considérer là que vous êtes installé pour nous parler à votre établi ?

Pour moi, l'écriture, c'est pas quelque chose de très très abstrait. C'est plutôt quelque chose de concret, donc le rapport avec un artisanat, ça me parait assez naturel.

Et ce serait quoi, la matière première ?

La matière première, c'est bien sûr les mots mais c'est les sons, c'est la manière dont les choses s'agencent. C'est amusant de mettre une phrase en ordre. On va revenir encore sur l'image de l'artisan mais c'est ça, c'est comment ça va s'emboiter, comment on a fait une cheville, ou les tenons, les mortaises, comment ça s'assemble. Il y a un travail qui fait que deux mots ont une résonnance entre eux, de la manière dont on les articule entre eux. Il y a un espèce de travail qui est très très proche. Pour moi, c'est très manuel, en fait.

C'est bizarre parce que quand je vous demande quelle est la matière première, vous répondez "c'est la langue" alors qu'on pourrait répondre "c'est la vie".

Oui, on peut dire aussi que la langue, c'est la vie. Enfin, pour moi, oui. La première chose qui me vient si je dois définir la vie, c'est les sons, c'est les mots. Tout ce que je perçois autour de moi, ça se traduit en mots, ça se traduit en sons, ça se traduit en phrases.

SOMMAIRE DOCUMENTS

SUITE

Page mise à jour le 23/05/99